De 1984 à la Table Ronde

 

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    Le 21 juillet 1984, une loi d'amnistie des prisonniers politiques est promulguée à l'occasion du 40ème anniversaire de la République Populaire de Pologne. De nombreux sympathisants de Solidarnosc sont libérés. Le 19 octobre, le père Jerzy Popieluszko, jeune prêtre très lié à Solidarnosc, est enlevé à Varsovie, et l'on découvre dans la Vistule son cadavre abominablement torturé le 30 octobre suivant. Il n'est pas exclu que cet attentat ait été l'oeuvre d'une tendance ultra et prosoviétique, qui cherchait à se débarrasser de Jaruzelski, considéré comme "trop mou". De toute cette affaire polonaise, l'observateur étranger ne put alors tirer qu'une conclusion: seule la force la plus brutale permettait à ce régime socialiste de subsister, et, fait profondément significatif, la principale opposition venait de la classe ouvrière.

    A la différence de la Pologne, les autres "satellites" de l'URSS ne donnaient pas de sujets d'inquiétude au "Grand Frère", quelles que fussent leurs difficultés internes, économiques et sociales. La Bulgarie restait le modèle des pays fidèles à Moscou, la Roumanie suivait impitoyablement le modèle soviétique sous la main de fer du dictateur Nicolae Ceausescu, la Tchécoslovaquie était encore sous le coup de la "normalisation" imposée par la force en 1968. Quant à la Hongrie, la population ne se révoltait pas face au pouvoir, même si elle démontrait une profonde sympathie envers Solidarnosc et les Polonais. Des Polonais, qui malgré toutes les difficultés, continue leur quête de la liberté. Depuis sa création, Solidarnosc s'est en effet structuré et organisé. Les journaux et les tracts du syndicat sont imprimés à l'étranger puis distribués dans le pays, les membres de Solidarnosc se réunissent en secret.

    En décembre 1985, le général Jaruzelski fait une visite à Paris. Pour beaucoup, cela fait l'effet d'un coup de poignard dans le dos du peuple polonais, en même temps d'ailleurs qu'un reniement par la gauche d'une de ses attitudes les plus symboliques. L'année suivante, le 11 septembre, le gouvernement de Varsovie décide la libération de tous les prisonniers politiques. Sous la pression populaire, il cède petit à petit. D'autant plus que le peuple ne cesse de montrer sa force, comme lors de la troisième visite en Pologne du Pape Jean-Paul II le 13 juin 1987. Ils sont plus d'un million de fidèles à l'avoir accueilli à Gdansk. Le Saint-Père eut ces mots: " Chaque jour je prie pour vous, là-bas à Rome et où que je sois, chaque jour je prie pour ma Mère Patrie et pour mes compatriotes. Je prie particulièrement pour l'action du grand mouvement de Solidarnosc ". Les larmes aux yeux, tout le monde écoute, et applaudit. De nouvelles grèves éclatent dans le pays en août 1988. Lech Walesa est contacté par le pouvoir pour calmer les esprits. Ayant reçu l'assurance du pouvoir que Solidarnosc sera légalisé, Walesa demande aux grévistes d'arrêter le mouvement. Son appel sera entendu, et les grèves prendront totalement fin le 10 novembre à Gdansk.

    Le 5 avril 1989, avec l'aval de Gorbatchev, le général Jaruzelski et les dirigeants de Solidarnosc signe un accord historique durant la fameuse "Table Ronde": pour la première fois depuis 1946, des élections libres seront organisés en Europe de l'Est; mais cette liberté serait contrôlée et limitée dans sa portée. Le "modèle" testé en Pologne doit être celui d'une réduction, mais aussi d'une protection provisoire de l'hégémonie du parti communiste. Solidarnosc concède 65 % des 460 sièges de la Diète au Parti et à ses satellites, en s'engageant à ne pas leur opposer de candidats. La seconde chambre, le Sénat, composé de 100 sièges, ferait l'objet d'une véritable compétition: mais le rôle du Sénat est limité au pouvoir de refuser les lois votées par la Diète. Pour briser l'éventuel veto du Sénat, la Diète devrait rassembler les voix des deux tiers de ses membres. Le Parti devrait donc négocier avec l'opposition, incarnée par Solidarnosc, les points les plus importants de son programme de gouvernement. Ainsi la Pologne était censée s'engager dans une très délicate transition contrôlée, dans une phase inédite de partage virtuel du pouvoir, prévue pour quatre ans ( au-delà desquels les élections aux deux chambres seraient entièrement libres ). Un contrôle de la transition renforcé par l'élection pour six ans par les deux chambres réunies d'un Président de la République aux pouvoirs considérables, qui serait probablement Jaruzelski. Les élections de juin 1989 vont une nouvelle fois démontrer la désaffection profonde des Polonais à l'égard du régime polonais. 

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