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Contre-épreuve,
la Pologne l'était dès 1956. La nation polonaise n'était pas en effet
une république socialiste comme les autres. C'est sans doute elle qui
résistait le plus à un système qui lui avait été imposé par les Soviétiques.
L'Eglise catholique exerçait plus d'influence que partout ailleurs. La
collectivisation des terres avait été stoppée et
le rôle des paysans petits propriétaires était important. Les ouvriers
des chantiers navals et des aciéries étaient très combatifs et non doctrinaires;
lorsqu'ils eurent découvert que les responsables de leurs bas niveaux
de vie étaient les communistes du gouvernement, c'est contre eux qu'ils
entamèrent la lutte. Les syndicats officiels, avec leurs 15 millions de
membres, étaient devenus des refuges pour les nantis, et la corruption
y était extrême. Une certaine pluralisation du pouvoir en Pologne - à
défaut d'une véritable démocratie - y était évidente. Au sein même du
POUP (équivalent du parti communiste mais constitué par une coalition
dont les communistes tenaient la direction), la compétition des factions
rivales étaient parfois ouvertes.
Wladislaw Gomulka, premier secrétaire du
Parti depuis 1956, homme secret, isolé, sévère partisan de l'austérité et
du rationnement, provoqua un extrême mécontentement. Malgré son succès en
politique extérieure avec notamment la reconnaissance de la ligne Oder-Neisse
par l'Occident, il fut victime de la rébellion des intellectuels en mars 1968
et surtout d'une grève déclenchée le 14 décembre 1970 aux chantiers navals
de Gdansk (ex-Dantzig). La milice et l'armée tirèrent sur la foule. Il y eut
de nombreux morts. Dans tout le pays se constituèrent des "comités de
grève". Le 19 décembre, le Bureau politiques remplaça Gomulka par Edward
Gierek, secrétaire du Parti en Silésie, homme ouvert, qui avait passé
vingt-deux ans comme mineur en Occident et qui proposait de substituer à la
répression une politique de "renouveau" et d'"expansion".
Gierek esquissa un apparent "décollage" économique, dans un climat
de bonne entente avec l'Occident. Il fit deux voyages en France et reçut deux
fois le président Valéry Giscard d'Estaing. Les présidents américains Nixon,
Ford et Carter vinrent en Pologne. Gierek resta finalement dix ans au pouvoir.
Sa tâche était ardue: maintenir les exigences de la doctrine communiste sous
la surveillance méfiante de l'URSS d'un côté, et satisfaire les aspirations
polonaises. Ainsi, il devait rendre au pays sa prospérité, aux Polonais leur
liberté et un bon cadre de vie, sans marché noir ni rationnement et bas
salaires. Gierek tenta de développer les importations et prit de nombreux
crédits à l'étranger, ce qui aboutit à un endettement colossal qui
atteignait les 15 milliards de dollars en 1980. Il ne put finalement, sous le
coup des chocs pétroliers et face à la saturation des marchés occidentaux,
insérer la Pologne dans le système international. Son pari sur "la
construction d'une nouvelle Pologne" fut un échec. Les conséquences
dramatiques de l'augmentation massive des prix qu'il avait décidé en juillet
1980 lui furent fatales. Le 6 septembre 1980, il fut forcé de donner sa
démission. Le Comité central désigna à sa place l'un de ses proches,
Stanislaw Kania.
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